Quand nous étions innocents

Un très joli récit, écrit à quatre mains, de deux parcours, tellement peu ordinaires, d'une femme et d'un homme devenu un couple.

Ce livre, c'est une amie qui me l'a gentiment prêté, à partir du moment que l'ai commencé, je ne l'ai plus lâché et je l'ai presque lu d'un trait, tellement je l'ai trouvé intéressant et enrichissant.

Ce livre raconte le chemin de deux journalistes aux chemins d'origines tellement éloignés, mais aussi tellement proches, leurs blessures est un point commun pour les deux, un instinct de survie et de se battre exceptionnel.

Il est écrit à quatre mains, celles de Mémona Hinterman journaliste et grand reporter à France 3 et de Lutz Krusche grand journaliste du célèbre journal allemand, connu pour son indépendance, Der Spiegel,, nous pouvons suivre dans leurs récits, tout ce qui a fait l'actualité européenne et même plus, depuis la dernière guerre.

Ils décrivent tous les deux et souvent avec humour les rouages du monde politique, les faiblesses des puissants, ils racontent par exemple, Lech Wałęsa,  le créateur de Solidarność, ce syndicat polonais qui va lutter contre le régime communiste en place et le faire plier, ils expliquent, cet homme connu en Europe comme un héros, se révèle un homme simple, inculte, mauvais mari, mauvais collègue, qui pour sa première venue à Paris n'était intéressé que par le bois de Boulogne et ses petites femmes légères...., Mandela par contre sera et je pense à juste titre, encensé, même si ils sont conscients qu'il n'a pas tout réglé.

Mais ils racontent aussi la force tranquille de ceux "d'en bas"

Mémona est sortie d'une pauvreté extrême de l’île de la réunion et est devenue non sans mal un grand reporter qui a couvert avec courage et ingéniosité de nombreuses guerres dans le monde tout en rappelant le nombre de conflits et d'horreurs qu'il y a eu, j'aurai d'ailleurs une pensée pour cette autre reporter Corinne Lepage tombée mortellement dans un guet apens cette semaine, sans compter les journalistes otages.

Lutz lui, d'une famille bourgeoise, a vécu enfant, la fin du nazisme en Allemagne, la peur, la pauvreté, l’humiliation, la souffrance et le courage de ses parents non nazis et jeune garçon autodidacte, sans le sous et presque en haillons, il découvrira le journalisme, d'abord dans un petit journal de sa Province et deviendra un des meilleurs. Il aura le malheur dans son premier mariage de perdre sa fille accidentellement et ce sera le grand chagrin de sa vie.

En 1989,  ils se rencontrent et de cette rencontre de ces deux "blessés",naîtra un couple et un amour franco-allemand inconditionnel  fait de respect. C'est un livre qui interpelle sur les faits, la différence entre le journalisme allemand et français, la dangerosité pour les reporters dont on a pas toujours conscience.