Il y a encore un siècle, débouchait à Paris, place du Châtelet, une ruelle sordide, la rue de la Tuerie, qui aboutissait à un escalier étroit et visqueux qui conduisait à la rue de la Vieille lanterne, où croupissait un taudis et en face, au dessus de la dernière marche d'escalier s'ouvrait une fenêtre fermée par des barreaux de fer, c'est au croisillon central que Gérard de Nerval né Gérard Labrunie, attacha un lacet blanc qu'il prétendait avoir appartenu à Madame de Maintenon ou Madame de Longueville, il plaça une grosse pierre sur la dernière marche, y monta, passa le lacet autour de son cou et d'un coup de pied repoussa la pierre.
C'était le dernier acte de folie dans la nuit gelée, l'hiver de cette année là avait terriblement froid, du 25 janvier 1855, la thèse du suicide est aujourd'hui reconnue et celle de l'assassinat abandonnée, d'un merveilleux poète du romantisme à 47 ans, qui laissait son oeuvre à la prospérité.
Malade depuis longtemps, dès 1853 il souffrait d'accès de démence qui lui ont valu plusieurs séjours en clinique, ce qui pas l'a empêché d'écrire ses plus beaux poèmes, il n'eut pas de vraie reconnaissance de son vivant, c'est seulement à partir du début XXe siècle que son génie d'écriture fut pleinement reconnu.
Aragon grand admirateur de Nerval, lui rend un hommage dans une très belle chanson de Jean Ferrat, en faisant un rapprochement avec un autre poète de génie français Desnos, qui lui antifasciste convaincu, fut assassiné par les nazis dans un camp de déportation quelques jours avant la libération.
Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval
Quand tu parlais du sang jeune homme singulier
Scandant la cruauté de tes vers réguliers
Le rire des bouchers t'escortait dans les Halles
Tu avais en ces jours ces accents de gageure
Que j'entends retentir à travers les années
Poète de vingt ans d'avance assassiné
Et que vengeaient déjà le blasphème et l'injure
Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne
Debout sous un porche avec un cornet de frites
Te voilà par mauvais temps près de Saint-Merry
Dévisageant le monde avec effronterie
De ton regard pareil à celui d'Amphitrite
Enorme et palpitant d'une pâle buée
Et le sol à ton pied comme au sein nu l'écume
Se couvre de mégots de crachats de légumes
Dans les pas de la pluie et des prostituées
Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne
Et c'est encore toi sans fin qui te promènes
Berger des longs désirs et des songes brisés
Sous les arbres obscurs dans les Champs-Elysées
Jusqu'à l'épuisement de la nuit ton domaine
O la Gare de l'Est et le premier croissant
Le café noir qu'on prend près du percolateur
Les journaux frais les boulevards pleins de senteur
Les bouches du métro qui captent les passants
Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne
La ville un peu partout garde de ton passage
Une ombre de couleur à ses frontons salis
Et quand le jour se lève au Sacré-Coeur pâli
Quand sur le Panthéon comme un équarissage
Le crépuscule met ses lambeaux écorchés
Quand le vent hurle aux loups dessous le Pont-au-Change
Quand le soleil au Bois roule avec les oranges
Quand la lune s'assied de clocher en clocher
Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne
http://www.jukebo.fr/jean-ferrat/clip,robert-le-diable,vkfsk.html
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C'était mon thème du jour l'année dernière.
RépondreSupprimerhttp://jcn54.unblog.fr/?s=gerard+de+nerval
Bisous, bonne journée paloma.
JC
Je vais voir ça de plus près en suivant ton lien et voir ce que tu as écrit sur ce grand poète, si connu et si mal connu
RépondreSupprimerBisous bonne journée
J'aimais beaucoup Ferrat, le chant de Nerval j'ose avouer que je ne savais pas qu'il s'agissait d'un poète et quel poète si j'ai bien compris
RépondreSupprimerVraiment plus je fouille dans votre site plus je suis subjugée par ce que je lis, c'est vraiment bien
Bonne journée
Merci beaucoup pour votre commentaire élogieux et tant mieux si j'aide à connaître ce poète qui a tant inspiré, mais qui est peu connu
RépondreSupprimerCordialement
Je découvre par le plus grands des hasards votre site, Nerval, je connaissais vaguement ce nom, mais ignorais totalement qu'il s'agissait d'un si grand poète, je ne connaissais pas davantage Desnos, mais je me demande comment un homme si malade comme Nerval a pu être un génie de l'écriture poétique
RépondreSupprimerMerci d'avoir comblé quelques unes de mes lacunes mdr
Les poèmes de Nerval sont souvent nostalagiques, parlent aussi de la mort, probablement comme beaucoup d'artistes de talent il transposait ses souffrances en poèmes; comme je le dis toujours genie et folie le fil est tenu
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