Cela se passait en 1954, "des parents indignes condamnés à la réclusion" titrait le monde, dans un tout petit article,
L'affaire Bac, les parents Ginette et Claude Bac avaient laissé mourir leur bébé dans son berceau.
L'histoire, une femme de 25 ans avec déjà plusieurs enfants, le bébé était le quatrième, dans un taudis aux milieu d'ordures, la mère décrite par le médecin au procès, apathique, dépressive, le couple prendra 7 ans, le procès sera cassé pour vice de forme et au deuxième procès ils furent condamnés à deux ans il faut dire qu'entre temps une gynécologue Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé, prendra fait et cause pour ce couple.
Ensuite, cette gynécologue, une femme élégante, respectée et intelligente en fera son cheval de bataille, de cette affaire, pour lutter contre la loi de 1920 interdisant l'avortement et même son évocation, en organisant des congrès, des colloques, elle portera la voix des femmes, et suscitera une campagne de presse.
Cela donna lieu a terrible bataille contre les moralistes, catholiques et on le sait moins les communistes, qui l'insultent, comme ils l'ont fait pour Simone Weil qui a porté la loi sur l'avortement sous Giscard, et ces moralistes sont encore assez puissants, pour retarder de 10 ans l'abolition de cette loi.
Mais, Marie-Andrée ne baisse pas les bras et crée en 1956, avec Evelyne Sullerot une sociologue militante féministe,et en s'alliant avec des groupes internationaux dans un mouvement né aux Etats Unis, l'association, Maternité heureuse, qui deviendra en 1960, le Planning familial depuis présent dans toutes les régions de France et qui a pour objet dès le départ, l'éducation sexuelle, la lutte pour le droit à la contraception, l'avortement et la lutte contre les avortements clandestins où beaucoup de femmes mouraient.
Et voila comment une histoire sordide, due à la misère a conduit à une grande évolution, un livre en a été tiré qui s'appelle Tristes grossesses.