vendredi 25 janvier 2013

La mort de Gérard de Nerval

Dans la nuit glaciale d'un 25 janvier d'un hiver très froid, un grand poète du romantisme renonçait à la vie




Il y a encore un siècle, débouchait à Paris, place du Châtelet, une ruelle sordide, la rue de la Tuerie, qui aboutissait à un escalier étroit et visqueux qui conduisait à la rue de la Vieille lanterne, où croupissait un taudis et en face, au dessus de la dernière marche d'escalier s'ouvrait une fenêtre fermée par des barreaux de fer, c'est au croisillon central que Gérard de Nerval né Gérard Labrunie, attacha un lacet blanc qu'il prétendait avoir appartenu à Madame de Maintenon ou Madame de Longueville, il plaça une grosse pierre sur la dernière marche, y monta, passa le lacet autour de son cou et d'un coup de pied repoussa la pierre.

C'était le dernier acte de folie dans la nuit gelée, l'hiver de cette année là avait terriblement froid, du 25 janvier 1855, la thèse du suicide est aujourd'hui reconnue et celle de l'assassinat abandonnée, d'un merveilleux poète du romantisme à 47 ans, qui laissait son oeuvre à la prospérité.

Malade depuis longtemps, dès 1853 il souffrait d'accès de démence qui lui ont valu plusieurs séjours en clinique, ce qui pas l'a empêché d'écrire ses plus beaux poèmes, il n'eut pas de vraie reconnaissance de son vivant, c'est seulement à partir du début XXe siècle que son génie d'écriture fut pleinement reconnu.

Aragon grand admirateur de Nerval, lui rend un hommage dans une très belle chanson de Jean Ferrat, en faisant un rapprochement avec un autre poète de génie français Desnos, qui lui antifasciste convaincu, fut assassiné par les nazis dans un camp de déportation quelques jours avant la libération.

Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval
 Quand tu parlais du sang jeune homme singulier
 Scandant la cruauté de tes vers réguliers
 Le rire des bouchers t'escortait dans les Halles
 Tu avais en ces jours ces accents de gageure
 Que j'entends retentir à travers les années
 Poète de vingt ans d'avance assassiné
 Et que vengeaient déjà le blasphème et l'injure

 Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
 Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
 Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
 Là-bas où le destin de notre siècle saigne

 Debout sous un porche avec un cornet de frites
 Te voilà par mauvais temps près de Saint-Merry
 Dévisageant le monde avec effronterie
 De ton regard pareil à celui d'Amphitrite
 Enorme et palpitant d'une pâle buée
 Et le sol à ton pied comme au sein nu l'écume
 Se couvre de mégots de crachats de légumes
 Dans les pas de la pluie et des prostituées

 Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
 Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
 Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
 Là-bas où le destin de notre siècle saigne

 Et c'est encore toi sans fin qui te promènes
 Berger des longs désirs et des songes brisés
 Sous les arbres obscurs dans les Champs-Elysées
 Jusqu'à l'épuisement de la nuit ton domaine
 O la Gare de l'Est et le premier croissant
 Le café noir qu'on prend près du percolateur
 Les journaux frais les boulevards pleins de senteur
 Les bouches du métro qui captent les passants

 Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
 Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
 Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
 Là-bas où le destin de notre siècle saigne

 La ville un peu partout garde de ton passage
 Une ombre de couleur à ses frontons salis
 Et quand le jour se lève au Sacré-Coeur pâli
 Quand sur le Panthéon comme un équarissage
 Le crépuscule met ses lambeaux écorchés
 Quand le vent hurle aux loups dessous le Pont-au-Change
 Quand le soleil au Bois roule avec les oranges
 Quand la lune s'assied de clocher en clocher

 Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
 Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
 Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
 Là-bas où le destin de notre siècle saigne

http://www.jukebo.fr/jean-ferrat/clip,robert-le-diable,vkfsk.html

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6 commentaires:

  1. C'était mon thème du jour l'année dernière.
    http://jcn54.unblog.fr/?s=gerard+de+nerval
    Bisous, bonne journée paloma.
    JC

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  2. Je vais voir ça de plus près en suivant ton lien et voir ce que tu as écrit sur ce grand poète, si connu et si mal connu

    Bisous bonne journée

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  3. J'aimais beaucoup Ferrat, le chant de Nerval j'ose avouer que je ne savais pas qu'il s'agissait d'un poète et quel poète si j'ai bien compris

    Vraiment plus je fouille dans votre site plus je suis subjugée par ce que je lis, c'est vraiment bien

    Bonne journée

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  4. Merci beaucoup pour votre commentaire élogieux et tant mieux si j'aide à connaître ce poète qui a tant inspiré, mais qui est peu connu

    Cordialement

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  5. Je découvre par le plus grands des hasards votre site, Nerval, je connaissais vaguement ce nom, mais ignorais totalement qu'il s'agissait d'un si grand poète, je ne connaissais pas davantage Desnos, mais je me demande comment un homme si malade comme Nerval a pu être un génie de l'écriture poétique
    Merci d'avoir comblé quelques unes de mes lacunes mdr

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    1. Les poèmes de Nerval sont souvent nostalagiques, parlent aussi de la mort, probablement comme beaucoup d'artistes de talent il transposait ses souffrances en poèmes; comme je le dis toujours genie et folie le fil est tenu

      Cordialement

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